C’est quoi le vrai bonheur ?

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Mais au final, c’est quoi le vrai bonheur ? Après avoir tenté de défendre la thèse que « Non, il en faut pas peu pour être heureux » lors de la finale du concours d’éloquence (ici pour lire le texte), cet article tente de répondre à la question grâce à l’analyse d’informations quantitatives et qualitatives de l’excellent site ourworldindata.

 

Comment mesure-t-on le bien-être ?

Le World Happiness Report constitue une des principales sources de comparaison du bonheur entre pays. Ce rapport annuel se fonde largement sur le panel mondial de l’institut Gallup. Ce dernier réalise des enquêtes auprès d’échantillons représentatifs dans plus de 160 pays et en 140 langues.

 

La principale question posée est ainsi : “Imaginez une échelle avec des barreaux numérotés de zéro en bas à dix en haut.

Sur quel barreau pensez-vous vous tenir à ce moment de votre vie ?”

La carte ci-dessous représente la moyenne des réponses des enquêtés à cette question.

 

 

La carte est interactive, vous pouvez cliquer sur chaque pays pour visualiser l’évolution dans le temps de la satisfaction de vie pour ce pays.

 

Les pays européens sont en tête du classement ; la Finlande, le Danemark, l’Islande, la Suisse et les Pays-Bas ayant tous des moyennes supérieures à 7.

 

La même année, les moyennes les plus faibles étaient enregistrées sur le continent africain et au Moyen-Orient : en Afghanistan, au Liban, au Zimbabwe, au Rwanda et au Botswana (moyennes inférieures à 3,5).

 

La satisfaction de vie est liée à des mesures objectives des conditions de vie

Les pays les plus riches et en meilleure santé affichent des scores moyens de satisfaction de vie plus élevés.

 

La World Values Survey fournit également des mesures de bien-être subjectif dans différents pays.

 

Dans ces enquêtes, on demande en particulier aux personnes : “Tout bien considéré, diriez-vous que vous êtes… (i) Très heureux, (ii) Assez heureux, (iii) Pas très heureux, (iv) Pas heureux du tout, (v) Ne sait pas”.

 

Cette part augmente avec le temps. Dans 49 des 69 pays où au moins deux enquêtes ont été conduites, l’observation la plus récente est plus élevée que la plus ancienne.

 

Dans certains cas, l’amélioration est spectaculaire. Au Zimbabwe, la part des personnes s’estimant très heureuses ou assez heureuses est passée de 56,4% en 2004 à 82,1% en 2014.

 

Inégalités de bonheur dans les pays riches

Stevenson and Wolfers (2008) montrent que si la moyenne américaine est restée globalement stable, les inégalités dans le bien-être subjectif ont significativement diminué durant les dernières décennies.

Les chercheurs ont en particulier noté un lien positif entre croissance économique et réduction de ces inégalités, même dans les cas où la croissance économique s’est accompagnée d’une augmentation des inégalités de revenu.

 

Comment expliquer que les inégalités de bien-être diminuent alors que les inégalités de revenu augmentent ? Pour les auteurs, une partie de la réponse tient dans le fait que la croissance économique permet de financer les services publics et autres biens publics, ce qui resserre la distribution de bien-être. Cela est indépendant des inégalités de revenu dans la mesure où certains biens publics, comme un système de santé publiques, affectent les revenus et le bien-être de manière différente.

Une autre explication, plus sociologique, est que la croissance économique dans ces pays s’est traduite par une société plus diversifiée dans ses modes d’expression culturelle, avec une meilleure acceptations de certains comportements ou modes de vie. Cela a permis la convergence vers la moyenne de groupes stigmatisés pour leur origine, leur sexualité ou leur apparence, au moment même où les revenus, les goûts et les modes de consommations devenaient plus inégalitaires.

 

Plus un pays est riche, plus il est heureux

Si on compare les pays à une même date, on voit immédiatement que les pays disposant d’un revenu moyen par habitant plus élevé affichent des moyennes de satisfaction de vie également plus élevées. C’est ce qu’illustre le graphique ci-dessous, où chaque point représente un pays. L’axe vertical restitue la moyenne de la satisfaction de vie dans ce pays (toujours de 0 à 10). L’axe horizontal représente le PIB par habitant, en dollars, ajusté des différences de pouvoir d’achat.

 

Espérance de vie et satisfaction de vive

La santé constitue un prédicteur important de la satisfaction de vie.

Le graphique suivant illustre la comparaison entre pays. Chaque point représente un pays. L’axe vertical représente l’espérance de vie à la naissance et l’axe horizontal la satisfaction de vie (de 0 à 10, toujours). L’organisation des points autour de la diagonale démontre que la relation entre ces deux grandeurs est forte et positive : les pays où les gens vivent plus longtemps ont une satisfaction de vie moyenne supérieure.

C'est quoi le vrai bonheur ?

 

Bien évidemment, de nombreux autres facteurs contribuent à cette relation positive : en général, les pays avec une plus longue espérance de vie sont aussi plus riches.

 

 

 

Comment les grands événements de la vie influent-ils sur le bien-être?

Les recherches disponibles tendent à montrer une forte tendance des individus à revenir, assez rapidement, à un niveau de bien-être similaire à celui observé avant la survenue de l’événement (mariage, divorce, deuil, etc.).

On remarque en premier lieu que la plupart de ces événements ne surviennent pas spontanément. Les gens se déclarent de moins en moins heureux dans les années précédent un divorce, et inversement se déclarent de plus en plus heureux les années précédent un mariage.

En second lieu, on remarque que le plus souvent, les personnes s’adaptent à leur nouvelle situation, avec de grandes variations d’un individu à l’autre.

Dans le cas d’un divorce, la satisfaction de vie diminue fortement dans un premier temps, puis se redresse nettement et durablement. Le mariage illustre une dynamique inverse.

Le fait de tomber au chômage fait exception, avec un impact négatif qui persiste dans la durée.

 

Sentiment de liberté et satisfaction de vive

Le degré de liberté de la société dans la quelle nous vivons détermine crucialement l’univers de possibles pour mener notre vie.

La relation est claire et positive. Les pays dans lesquels les personnes se sentent plus libres et en contrôle de leur vie ont des niveaux moyens de satisfaction de vie plus élevés.

Le sentiment de liberté est un déterminant de la satisfaction de vie et aussi une condition nécessaire pour l’atteinte d’un certain niveau de satisfaction à l’échelle d’un pays.

 

Influence des médias

Plusieurs études ont montré qu’il existe un lien entre exposition à des nouvelles à caractères négatif et humeur. Johnston and Davey (1997) par exemple, ont modifié une courte émission de télévision pour y montrer selon les cas plutôt des contenus négatifs, neutres ou positifs.

Les personnes ayant visionné la version présentant le plus de contenus négatifs étaient plus susceptibles de se dire tristes.

Or, les médias ont une préférence marquées pour les événements négatifs et pour une couverture négative des événements en général.

L’appréciation de notre satisfaction sont fortement influencées par l’image que nous avons de l’état du monde et de la société.

 

Pour conclure c’est quoi le vrai bonheur ?

C’est sûrement un château de cartes à assembler méticuleusement pièce après pièce. Cependant ce qu’il est certain c’est que des facteurs objectifs doivent être mise en place et garantis par les États pour en sécuriser les bases :

  • croissance et/ou stabilité économique du pays
  • investissement dans un système sanitaire de qualité et gratuit
  • protection de la liberté individuelle des individus

 

Merci à vous et n’hésitez pas à me laisser un commentaire ou à noter cet article

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