Jancovici et ses 4 vols dans une vie
4 vols dans une vie : c’est la prescription de Jean-Marc Jancovici pour lutter contre le réchauffement climatique.
Entre accusation de dictature et liberticide, je me vois contrainte de l’avouer : je suis d’accord et je suis partante pour changer en profondeur mes habitudes de vie !
Le débat est désormais sur table et on doit y faire face.
Mais pourquoi on s’en prend à l’industrie de l’aviation ?
L’industrie de l’aviation contribue de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre et donc au changement climatique.
L’article de Bonpote, vous l’explique parfaitement, je vous invite à le lire et le relire.
Si vous ne deviez retenir qu’une image, c’est celle-ci :
Si vous ne deviez retenir qu’un propos est celui de François-Marie Bréon, auteur du cinquième rapport du GIEC :
«Je pense que l’immense majorité des gens ne se rend pas compte de ce que veut dire aller à la neutralité carbone. (…) Il est évident que dans une France qui aura divisé ses émissions de gaz à effet de serre par 4, il n’y aura plus d’avion – on ne peut pas y arriver si on conserve le transport aérien.
Le fait qu’il y ait encore ce genre de débats montre bien que l’on n’a pas réalisé ce que veut dire diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre. »
Article de juillet 2019
Et Jean-Marc dans tout ça ?
Accusé d’être dictature et liberticide, Jean-Marc Jancovici, prend la parole sur les réseaux et répond ainsi :
C’est peu dire que l’évocation de 4 vols aériens dans une vie ne provoque pas un enthousiasme délirant dans le monde médiatique. Je ne vais pas ici chercher à répondre à toutes les réactions m’accusant d’être liberticide, insensé, ou totalitaire, mais juste expliquer pourquoi 4 vols dans une vie et pas 10 ou 1.
Je pars du principe que ce « droit à l’avion » est mondial.
Évidemment, peut-être qu’une large partie des personnes qui ont « mal » réagi considèrent que leur droit à l’avion est supérieur au droit encore inexistant des somaliens ou d’une large partie des indiens, et qu’il faut raisonner à partir des gens qui prennent actuellement l’avion et pas autrement.
Il y a actuellement 8 milliards de personnes dans le monde. Avec 4 vols dans une vie ca fait 32 milliards de vols sur une vie. Admettons qu’une vie soit 70 ans. Ca nous amène à environ 450 millions de vols par an, soit 10% du trafic pré-covid ( https://lnkd.in/eRnV47yR ) et presque 20% de l’actuel.
Mais actuellement une moitié des vols sont raisonnablement courts (Europe-Europe, USA-USA, etc) et ce ne sont pas ceux qui seraient conservés si on avait un quota un peu bas. Donc ce seraient surtout des vols longs qui seraient conservés, et en termes de passagers.km ca ferait entre 15% et 20% de l’actuel.
Il se trouve que l’ordre de grandeur de la baisse des émissions qu’il faut opérer dans les décennies est supérieur à une division par 5 si on vise la neutralité carbone. C’est même supérieur à une division par 10 si on est conservateur sur les puits, et à cet horizon de temps la pénétration des innovations techniques de rupture sera faible.
A plus long terme, on peut imaginer que les solutions techniques de rupture ne permettront pas de garder beaucoup plus de 10% du trafic aérien actuel si on intègre les concurrences d’usage (sur la biomasse et sur l’électricité) avec la décarbonation des autres secteurs.
L’ordre de grandeur de 4 vols dans une vie me semble donc correct (et même si c’est 6 ca ne change pas fondamentalement la conclusion ci-dessous). Que ce soit très très très loin des habitudes actuelles d’un certain nombre de gens qui s’expriment dans les media est une autre histoire :).
Cela signifie juste qu’ils n’ont pas encore compris que le pétrole EST le 20è siècle, et qu’un monde décarboné ne sera pas vraiment l’actuel à 3 détails près. A nous de le rendre désirable quand même.
Vous pouvez lire également l’article : Jancovici sur le changement climatique (vidéo et résumé)
Mon mot de la fin
4 vols dans une vie … 4 !!!
Dur à imaginer pour une expatriée, voyageuse, passionnée comme moi !
C’est 11h30 de trajet, pour rentrer chez moi en Italie en train, avec ma petite de 6 ans
C’est un rêve d’un voyage au Japon en famille que je ne ferai probablement jamais
Je ne sais pas combien de temps il faudra pour en arriver là
Je ne sais pas si nous en arriverons là
Il faudra un déchirement
Éduquer et rééduquer à la relation au temps
Propulser des idées innovantes en entreprise, comme des jours de congés supplémentaires si l’on voyage bas carbone
Valoriser les pépites de nos territoires de proximité
Et puis le plus difficile…
Échanger sur le sens de chacun de ces grands défis à venir
En transperçant les bulles sociales
En transperçant nos croyances
Le chemin qui se profile devant moi est encore long….
Merci Jean-Marc, d’ouvrir l’échange, on doit passer par là
On va passer par un conflit
On aura besoin d’un déchirement
Le déchirement a commencé
Qu’en pensez-vous ?
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